BWINDI – à la rencontre des gorilles

🇺🇬 OUGANDA – voyage réalisé en mai 2023

Longtemps en danger critique d’extinction, l’espèce a été sauvée par le tourisme et les fonds générés pour sa conservation. Le « tracking » des gorilles est devenu une manne touristique pour ces pays

Pour plus d’infos pratiques sur l’organisation, un article dédié arrive très bientôt

Avant de partir à la rencontre des gorilles, j’ai passé une journée à Buhoma, le village à l’entrée du parc national. Avec un hébergement sur les hauteurs, je profite d’une vue imprenable sur la forêt escarpée où vivent les gorilles.

LE PROJET CTPH

Le petit hôtel où je passe mon séjour à Bwindi est rattaché à un projet bien plus vaste de préservation : CTPH (Conservation Through Public Health). Lancé par une vétérinaire ougandaise, le docteur Gladys Kalema-Zikuzoka, son objectif est double : réinvestir l’argent généré par le tourisme vers des projets bénéficiant directement aux habitants de la région et limiter au maximum l’impact sanitaire des visites humaines sur les gorilles. Le genre d’initiative qu’il fait plaisir de soutenir !

Le matin, Martin m’emmène visiter le Gorilla Health Center attenant. C’est ici que les équipes du docteur Gladys analysent les crottes des gorilles récoltées une fois par mois dans la forêt pour suivre au plus près leur état de santé, notamment l’éventuelle transmission de maladies humaines.

La proximité génétique entre gorilles et humains fait que les microbes passent très facilement d’une espèce à l’autre. Pour cette raison, il est obligatoire pour tous les visiteurs de porter un masque durant l’heure passée avec les gorilles.

VISITE D’UN VILLAGE BATWA

Après cette visite très instructive le matin, on me propose de visiter l’après-midi . Les Batwa sont un des nombreux peuples qu’on désignait autrefois sous le nom péjoratif de Pygmées, qui ont gardées durant des siècles leur mode de vie de chasseurs-cueilleurs dans les épaisses forêts d’Afrique centrale.

Malheureusement, les Batwas ont été chassés dans les années 1990 du parc national de Bwindi sur ordre du gouvernement ougandais, au motif de la protection des gorilles. Aujourd’hui, ils vivent parqués dans des « villages » clos, sous la surveillance étroite du gouvernement et de ses programmes d’ « intégration ».

Clairement, je ne recommande pas cette visite qui m’aura mis extrêmement mal à l’aise, avec le goût amer dans la bouche de participer à une version moderne des zoos humains du siècle dernier. En espérant au moins qu’une partie du prix payé au guide revienne directement à la communauté.

LE TRACKING DES GORILLES

Le lendemain, c’est le grand jour, celui de la rencontre face à face avec les gorilles. Dès 7h, Martin m’accompagne au centre des visiteurs, situé à l’entrée du parc, à l’orée de la forêt.

Les touristes sont répartis en petits groupes, d’une dizaine de personne au maximum. Dans le mien, principalement des Américains ainsi que deux Indiens et moi, un Français.

Les règles de sécurité sont réexpliquées une dernière fois : distance de sécurité d’une dizaine de mètres en permanence et rester calme en toutes circonstances. Et si un bébé gorille vient donner un coup, ce qui peut arriver, Ensuite, les rangers présentent à chaque groupe la famille de gorilles qu’ils vont aller observer.

Une fois le briefing terminé, notre petit groupe est prêt à s’enfoncer dans la forêt à la recherche du groupe de gorilles qui nous a été assigné. Pour éviter le braconnage, chaque groupe est suivi en permanence par deux rangers, d’où la relative facilité à les situer. Encore faut-il arriver jusqu’à eux ensuite.

Dans ma tête, je me prépare à affronter une marche éprouvante et longue dans la forêt humide. On peut dire que j’étais loin de la réalité ! Après à peine une vingtaine de minutes de marche, alors que nous sommes encore en bordure immédiate du village, notre guide nous informe que les gorilles sont là.

On s’équipe de nos masques et le ranger nous rappelle une dernière fois les règles de sécurité et c’est parti pour une heure magique au milieu de cette famille de gorilles.

Armés d’un bâton, deux rangers les surveillent et donnent des coups sur le sol pour les faire reculer dans le calme et éviter qu’ils ne viennent se nourrir dans les champs et donc créer des conflits avec les habitants.

C’est assez étrange de tomber sur eux aussi près des habitations et en contradiction totale avec l’image que je me faisais de cette rencontre mais c’est sûrement plus conforme à la réalité de la coexistence entre les humains et la faune dans cette région. En tout cas, ces considérations sont vite oubliées devant ce spectacle unique.

Notre groupe observe les gorilles, qui restent indifférents à notre présence. C’est l’heure du petit-déjeuner pour eux, les adultes restent au sol tandis que les jeunes, tout légers, se nourrissent dans les arbres. Au menu : des feuilles pour tout le monde, les gorilles sont exclusivement végétariens.

La famille compte 2 mâles au dos argenté mais le chef incontesté, c’est Mahaane. Dans la langue locale, son nom signifie « compliqué ». Il est l’un des gorilles du parc qui a gardé le plus de méfiance envers les humains. En effet, il a connu le braconnage dans ses jeunes années, quand ce fléau ravageait encore le parc.

L’heure allouée est passée bien vite. Quelques centaines de photos plus tard, il est temps de nous rediriger vers l’entrée du parc, des souvenirs de cette rencontre magique plein la tête.

Bwindi aura été le moment le plus fort de mon voyage en Ouganda, la rencontre avec les gorilles est vraiment magique, difficile à traduire en mots. La fin du voyage approche et je me dirige vers la capitale mais en faisant auparavant un étape au lac Bunyonyi, un havre de tranquillité près de la frontière rwandaise.